Grands enjeux
L’intégration des REL par les parties prenantes de l’éducation à l’échelle mondiale suppose de prendre en compte des facteurs déterminants relatifs à : (i) la reconnaissance des avantages des REL, (ii) la mobilisation des acteurs du monde éducatif, (iii) la résolution de questions financières et (iv) la définition claire du terme « libre » dans le contexte des REL.
Avantages
Les REL peuvent permettre d’assurer un accès plus égalitaire aux connaissances et aux moyens d’enseignement en diffusant largement des ressources pédagogiques fiables et abordables, alors que les systèmes éducatifs du monde entier sont confrontés à des défis de plus en plus grands. Face à la croissance rapide du taux de scolarisation, à l’augmentation limitée voire nulle des ressources financières consacrées à l’éducation et au déploiement continu de l’infrastructure des technologies de l’information et de la communication (TIC), le soutien organisé et volontaire apporté par les systèmes éducatifs revêt une importance accrue pour : élaborer et améliorer les outils d’enseignement et d’apprentissage de qualité, les programmes scolaires ainsi que la conception des programmes et des cours, prévoir des échanges concrets avec les élèves, élaborer des outils d’évaluation efficaces ainsi que déterminer les moyens de répondre aux besoins des apprenants dans leur diversité grandissante. Ces activités ont pour but d’améliorer le cadre scolaire pour les enseignants et les élèves tout en maîtrisant les coûts grâce à une utilisation renforcée de l’apprentissage fondé sur les ressources. Les REL facilitent la gestion de cet investissement et des questions de droit d’auteur qui en découlent tout en apportant des améliorations continues et rentables aux processus d’enseignement et d’apprentissage, que ce soit dans un contexte formel ou non formel.
Rôle des parties prenantes de l’éducation
Les gouvernements ont tout intérêt à garantir que les investissements publics en matière d’éducation contribuent de façon significative et optimale au développement socioéconomique. La Déclaration de Paris sur les REL appelle les gouvernements à concéder une licence libre aux ressources pédagogiques élaborées grâce aux fonds publics. Partager ces matériels pédagogiques pourrait grandement améliorer la qualité et l’accessibilité des programmes éducatifs à travers les systèmes d’éducation nationaux en rendant les REL plus facilement accessibles à tous les acteurs de ce milieu et pas seulement aux bénéficiaires de fonds publics (UNESCO et Commonwealth of Learning, 2011). Étant donné que les gouvernements jouent souvent un rôle majeur dans l’élaboration de mesures et dans le financement des établissements d’enseignement, et que les politiques relatives au financement de l’éducation reflètent également les grandes priorités, ils sont idéalement placés pour encourager ou obliger les institutions à diffuser le matériel sous forme de REL et à utiliser des licences libres pour les outils élaborés grâce aux fonds publics. Les gouvernements peuvent également avoir recours au système de licence libre pour accroître l’effet des investissements publics en favorisant la réutilisation à grande échelle de ces derniers avec un minimum de dépenses supplémentaires.
Les gouvernements, les institutions, les éducateurs et les élèves doivent s’investir sans cesse pour développer les ressources pédagogiques nécessaires à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage. Du point de vue des coûts, le meilleur moyen d’investir dans la conception et le développement de matériel est d’intégrer l’adaptation et l’utilisation concrètes des REL. Cela permet d’éviter le double emploi en s’appuyant sur ce qui existe déjà par ailleurs, de tirer parti des ressources alternatives mises en commun pour répondre aux obligations d’accessibilité, de supprimer les coûts représentés par la négociation et l’obtention de droits d’auteur et éventuellement d’impliquer les communautés de pratique dans le perfectionnement de la qualité, l’assurance qualité et la traduction.
Les REL sont-elles vraiment gratuites?
L’un des grands avantages du contenu libre est sa gratuité pour l’utilisateur final (c’est-à-dire que son téléchargement ne coûte rien en dehors des frais de connexion à Internet). Cependant, les REL entraînent des dépenses relatives à l’élaboration, à l’adaptation ou au remaniement du matériel. D’un point de vue historique, celles-ci sont en grande partie couvertes par des dons. Le financement par des donateurs représente donc un élément essentiel pour lancer des pratiques en matière de REL. Il est pourtant nécessaire, afin d’assurer la pérennité et la bonne utilisation de ces dernières, que les gouvernements et les établissements d’enseignement investissent de façon systématique dans les programmes, les cours ainsi que l’élaboration et l’acquisition de matériel. Les dépenses comprennent la rémunération des personnes concevant les programmes et les ressources, l’adaptation des REL existantes, la gestion des droits d’auteur (lorsque le matériel n’est pas sous licence libre), etc. Elles englobent également les coûts afférents, tels que l’infrastructure TIC (à des fins d’écriture et de partage du contenu), la connexion Internet, l’organisation d’ateliers et de réunions pour que les équipes chargées d’élaborer le contenu puissent échanger, etc.
« Libre »dans REL
Le terme de « open » (traduit en français par « libre » ou « ouvert » selon le contexte) est souvent utilisé au sens large. Ayant gagné en visibilité, il est souvent employé dans de nombreux secteurs : gouvernement ouvert, architecture ouverte, société ouverte, libre accès au matériel pédagogique et logiciel libre (Weller, 2011).
Dans de nombreux cas de figure, ce ne sont plus les REL qui sont au cœur des discussions actuelles sur la réforme de l’éducation, et en particulier de l’enseignement supérieur, mais les cours en ligne ouverts à tous (MOOC). Par exemple, la plupart des MOOC n’accordent aux apprenants que des droits d’utilisation équitable ou des droits définis dans des licences précises. La plupart ne peuvent pas être légalement reproduits ou mis à jour par des utilisateurs qui s’en serviraient pour créer leur propre cours. Ils ne font donc pas partie des REL.
Les REL, comme précisé plus haut, doivent être mises à disposition sous une licence libre qui permet de les utiliser, de les réutiliser et de les modifier de façon légale.